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L'heure est à la redistribution des liquidités

Publié le 26/02/2016

Le fait que les taux d’intérêts réels soient devenus négatifs ne constitue pas forcément une mauvaise chose. Certes, cette situation est de nature à peser sur les marges des banques. Du moins de celles qui préfèreraient perdre de l’argent en confiant leurs liquidités à la BCE plutôt que de les réinjecter dans le circuit économique. En réalité, cette configuration exceptionnelle de la courbe des taux pourrait s’avérer bénéfique en cela qu’elle inciterait les établissements bancaires à endosser leurs responsabilités en redistribuant leurs abondantes liquidités sous forme de prêts à l’économie. Surtout à un moment où le loyer de l’argent n’a jamais été aussi bas.

Après s’être substituées pendant plus de cinq ans aux Etats, incapables de de jouer leur rôle d’acteur contra-cyclique en amorçant un plan de relance budgétaire ou en diminuant les impôts, les banques centrales ne peuvent plus agir seules. Dans un climat anxiogène alimenté par la faiblesse des cours du pétrole, la situation économique en Chine et plus récemment des statistiques inquiétantes aux États-Unis, les marchés ne pourront pas se contenter éternellement de rester sous perfusion à coups de politiques monétaires accommodantes. La volatilité restera de mise tant que les investisseurs ne verront pas poindre l’espoir de voir l’économie de la zone euro se redresser sous l’impulsion d’un vrai programme de relance comme, par exemple, celui de Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission Européenne a présenté un plan il y a déjà plus d’un an, portant sur une enveloppe de 315 milliards d’euros, allouée à des investissements d’infrastructures pour 240 milliards d’euros et au financement des PME pour les 75 milliards restant. Ce plan a beau avoir été raillé à de nombreuses reprises par les observateurs pour son manque d’ambition comparé aux 19.000 milliards d’euros de PIB de l’Union Européenne, il présentait au moins l’avantage de proposer une relance par l’investissement après plusieurs années placées sous le signe de la sanction et l’austérité.

Au-delà du plan Juncker, l’heure est aux grandes réformes structurelles et aux lancements de grands chantiers d’envergure, seuls vrais garants de créations d’emplois, de maintien du moral des ménages et in extenso de croissance économique. Les sources de financement ne manquent pas et les poches des banques sont pleines. Espérons que les ministres des finances et les banquiers centraux des membres du G20 qui se sont réunis à Shanghai abondent dans ce sens. C’est en tout cas ce que nous appelons de nos vœux pour permettre d’envisager un avenir plus serein qui ne serait plus celui de marchés financiers artificiellement soutenus par d’abondantes liquidités où l’argent placé finit par coûter au lieu de rapporter.

David Kalfon, CFA Achevé de rédiger le 26 février 2016