Point Hebdo - « Easy money »
Publié le 05/09/2016
Après que la Fed a polarisé l’attention des investisseurs depuis la fin août, l’Europe prendra le relais cette semaine avec la réunion jeudi de la BCE. Alors que les données du marché de l’emploi aux Etats-Unis témoignent d’une économie ni « trop chaude », ni « trop froide », le marché n’attend pas de brusque resserrement monétaire. Dans ce cadre, le dollar cesse de s’apprécier et s’inscrit sur un palier après sa hausse récente. Dans un monde où personne ne souhaite voir sa devise progresser, cela garantit des propos et des actions accommodants de la part des banquiers centraux en Europe et en Asie. Au cours de la semaine, La parité euro/dollar reste stable et évolue entre 1.115 et 1.12. Sur les autres marchés de capitaux, le S&P 500 progresse de 0.50%, l’Eurostoxx 50 gagne 2.31% et le Topix japonais gagne 3.9%. Du côté obligataire, la stabilité des emprunts d’Etats profite légèrement au crédit obligataire. Le contexte proposé par la Fed plaide en faveur du maintien des taux courts à des niveaux record. Attention toutefois aux taux longs, sensibles aux tendances reflationnistes, et qui pourraient commencer à anticiper le mieux aller futur de l’économie mondiale. Tous les regards se tournent donc vers la réunion de politique monétaire de la BCE. Alors que la croissance économique est stable, l’inflation reste très proche de 0, sans signe d’accélération. L’objectif de la Banque centrale étant de reconstituer les anticipations d’inflation, tout en maintenant les taux réels aussi bas que possible, il semble très probable qu’elle soit sur le point d’annoncer de nouvelles mesures. A ce stade, le consensus s’attend à une extension du QE jusqu’à la fin de 2017, sans annonce de réduction de ces mesures non-conventionnelles avant début 2018. Par ailleurs, les spéculations vont bon train sur des mesures additionnelles : la modification de la répartition des achats, enlever le plancher de taux (actuellement -0.40%) ou celle de la répartition des notations des titres achetés par chaque banque centrale, sont activement discutées par les investisseurs. A noter que ces anticipations se sont formées après le déclenchement de l’action estivale de la Banque d’Angleterre, inquiète des conséquences du « Brexit ». A ce stade, toutefois, les données économiques en provenance du Royaume-Uni ont surpris positivement ! Outre-Atlantique, la Fed a indiqué que son action dépendrait des données économiques. Ces dernières montrent une activité économique correcte et des prix bien mieux orientés. Alors que toutes les autres institutions monétaires mondiales sont en mode « easy money », la fed ne peut resserrer ses taux sans voir sa devise s’apprécier brutalement. Dans ce contexte, elle va rester patiente, ce qui comportera l’avantage supplémentaire de voir les anticipations d’inflation se reconstituer et la courbe de taux se repentifier. Au Japon, l’économie peine toujours à éviter la déflation. La croissance nominale reste trop proche de zéro. Dans ce contexte, le gouverneur de la BOJ , Mr Kuroda, indique que de nouvelles mesures d’assouplissements seront bientôt proposées. Ces dernières pourraient comprendre une baisse de taux, une augmentation des mesures d’assouplissement qualitatif et/ou quantitatif, et peut-être de nouvelles mesures non conventionnelles. Ces allusions vers une phase de « helicopter money » pèsent sur les taux très longs. Le 30 ans remonte de 0.50% depuis le début de l’été, portant les taux aux niveaux de mars dernier. Force est de constater qu’à l’issue du G20 en Chine, la croissance mondiale est et restera «Made in China». Trois implications majeures découlent de cette constatation : tout d’abord, cette situation donne un levier politique considérable à l’Empire du Milieu, devant la puissance duquel tous sont censés s’incliner. Ensuite, la politique monétaire étant extrêmement accommodante en Chine (Taux à 2.75% pour une croissance nominale de 9.9%), la devise ne peut s’apprécier. Enfin, les taux de croissance auront tendance à baisser dans le futur, avec le risque de plonger tous les pays développés en récession. Alors que le dollar est resté solide au cours de la semaine, les matières premières ont plutôt baissé, notamment le pétrole. Dans ce contexte, les fortes progressions observées récemment laissent place à des prises de profits. Voici un point sur la gestion de nos fonds :