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Kilt ou double ?

Publié le 15/09/2014

Le 18 septembre prochain, les électeurs écossais se prononceront sur l’indépendance de leur pays. Lorsqu’il y a 18 mois David Cameron acceptait la tenue de ce référendum, la victoire du « non » à l’indépendance ne faisait aucun doute. Downing Street voyait potentiellement dans ce vote une occasion d’humilier le Scottish National Party. A trois jours du scrutin, l’humeur a bien changée. Les derniers sondages donnent le « Oui » et le « Non » au coude à coude. La Livre Sterling décroche par rapport au dollar et à l’Euro, les principales banques écossaises annoncent déjà les mesures prévues en cas victoire du « Oui » et l’Europe s’inquiète. A tort ou à raison ?

L’indépendance de l’Ecosse serait une très mauvaise nouvelle pour l’Europe en général et pour la zone Euro en particulier. L’exemple de la séparation de deux pays unis (entre autre) par une même devise au moment même où les « eurosceptiques » n’ont jamais été aussi nombreux au Parlement Européen et où les partis politiques qui intègrent clairement dans leur programme une sortie de l’Euro gagnent des électeurs ne serait pas sans conséquences pour les marchés. N’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps, de nombreux investisseurs spéculaient sur l’éclatement de la monnaie unique.

Le Gouverneur de la Banque d’Angleterre a été catégorique. En cas d’indépendance, l’Ecosse ne pourra pas conserver la livre sterling. Le scenario positif pour l’Euro avec une adhésion de l’Ecosse à la monnaie unique est très improbable. En février dernier, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a en effet déclaré qu’il serait « extrêmement difficile, voire impossible » pour une Ecosse indépendante d’adhérer à l’Union Européenne. L’adhésion d’un nouvel Etat doit être ratifiée à l’unanimité par les autres membres de l’Union européenne et à ce sujet, le président du gouvernement d’Espagne, Mariano Rajoy, avait été très clair. En 2013 il déclarait à la presse qu’il était « persuadé qu’une région qui voudrait se séparer d’un Etat membre de l’Union européenne resterait à l’extérieur de l’Union européenne » et que cela devait « être su par les Ecossais et le reste des citoyens européens ». On retrouve derrière cette attitude très ferme la volonté de décourager toutes velléités d’indépendance de la Catalogne ou du Pays Basque.

Un « oui » à l’indépendance de l’Ecosse affaiblirait significativement la position de l’Union Européenne et par extension celle de la monnaie unique. Mis à part un impact direct sur la Livre Sterling et sur la courbe des taux anglais et sur les actions de la bourse de Londres (sur laquelle sont cotées les actions des principales sociétés écossaises), il est à craindre que les spéculations sur un éclatement possible de la zone Euro repartent de plus belle. Au moment même où la croissance cale, la BCE se serait bien passé de ce souci supplémentaire.

Connaissant les marges d’erreur des instituts de sondage, le « oui » à l’indépendance n’est pas acquis. On peut encore espérer que les concessions de dernières minutes offertes par les principaux leaders politiques de Westminster, pleinement mobilisés ces derniers jours, permettent de sauver l’unité du Royaume-Uni. Pour autant, le pari fait par David Cameron il y a 18 mois parait malgré tout bien dangereux…

David Kalfon

Achevé de rédiger le 15 septembre 2014