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Les banques centrales victimes d’un faux procès ?

Publié le 16/10/2015

Faut-il faire confiance aux banques centrales ? Alors que se profile la prochaine réunion de la Fed le 27 octobre prochain dans un contexte de résurgence des craintes d’un «hard landing » chinois, la question brûle les lèvres des opérateurs tant les critiques à l’égard des grandes instances monétaires internationales sont nombreuses. Pour certains, la lisibilité de la politique de Ben Bernanke, qui avait pour habitude de s’en tenir à un calendrier communiqué à l’avance a laissé place à un flou alimenté par l’actuelle présidente de la Fed, Janet Yellen, plus encline à se laisser guider par les indicateurs macroéconomiques. D’autres encore reprochent aux grands argentiers de la planète de reculer face à la pression des marchés financiers ou les accusent de réduire à néant leurs marges de manœuvre pour les prochaines crises.

La réalité est plus nuancée. D’abord parce que l’histoire a montré que les banques centrales disposent d’un arsenal de mesures quasiment illimité et sont susceptibles de créer la surprise. En mars, La BoJ avait ainsi pris les investisseurs à contrepied en élargissant son programme de rachat d’actifs à des ETF indexés sur le Nikkei 400. De son côté, la BCE n’a jamais exclu, si cela s’avérait nécessaire pour permettre au taux d’inflation de la zone euro de se diriger vers son objectif de 2%, de poursuivre son programme de rachats d’actifs au-delà des deux ans initialement prévus et de l’ouvrir à d’autres classes ou catégories d’actifs. En Asie, la Banque populaire de Chine a toute la latitude pour agir sur son taux de réserves obligatoires élevé de 18,5%, un niveau qui demeure extrêmement élevé si on le compare au taux de 1% appliqué par la BCE. Selon les équipes de Morgan Stanley, 1 point de baisse correspondrait à une injection de liquidités d’environ 200 milliards de dollars dans l’économie chinoise. Une chose est sûre, les banques centrales continueront de montrer autant de détermination à vaincre la déflation que Paul Volcker, ancien président de la Fed, en a fait preuve pour vaincre l’inflation à la fin des années 70.

Toutefois, le marché devra composer avec l’idée que les banques centrales resteront une pièce maitresse sur l’échiquier des marchés des financiers. Car depuis la crise financière, les Etats ne sont plus en mesure de jouer leur rôle d’acteur contra-cyclique en amorçant un plan de relance budgétaire ou en augmentant les impôts. Comme l’a déjà suggéré Mario Draghi, le président de la BCE, l’heure, pour eux, est à la mise en œuvre des réformes nécessaires à l’assainissement des finances publiques. Et cela prendra du temps. Les grands argentiers devraient donc rester à la manœuvre pendant un bon moment et les investisseurs n’ont pas d’autres choix que de leur faire confiance et de croire en leur capacité à amortir les chocs.  Car si, tel que l’on a pu le voir au cours des derniers mois, leurs actions ne peuvent éviter les violents à-coups sur les marchés, elles préviendront certainement le risque d’une rupture totale et systémique. D’ailleurs si l’on considère que le QE de la Fed n’est certainement pas étranger à la reprise américaine, les banques centrales mériteraient peut-être qu’on leur accorde au moins le bénéfice de leur track-record.

  David Kalfon, CFA Achevé de rédiger le 16 octobre 2015