Accès client

Accès partenaire Suivi Portefeuilles Espace Administratif

Destins croisés

Publié le 28/04/2016

Une Asie aux deux visages se dessine. Alors que l’horizon boursier du pays du Soleil Levant s’assombrit, celui de l’Empire du Milieu s’éclaircit. En laissant sa politique monétaire inchangée il y a environ un mois, la BOJ a décidé de marquer une pause dans son vaste et non moins exceptionnel programme d’assouplissement quantitatif dont le coup d’envoi avait été donné en octobre 2014. En appui de la politique de relance voulue par Shinzo Abe, la Banque Centrale du Japon avait sorti l’artillerie lourde pour sortir l’archipel de sa spirale déflationniste : rachats d’actifs portant sur des montants de 80.000 milliards de yens par an, doublement de l’exposition en actions de son bras armé, le GPIF et plus récemment, instauration historique de taux d’intérêts négatifs. Mais maintenant que le stock de cartouches semble avoir été presque totalement épuisé, les investisseurs et autres spécialistes du « carry trade » ont trouvé refuge dans la devise japonaise. Ainsi, depuis début février, le yen s’est envolé de plus de 10% du yen face au dollar. Il n’en fallait pas davantage pour enrayer la spectaculaire dynamique bénéficiaire des grands groupes nippons amorcée en 2013, et avec elle, l’irrésistible ascension des actions japonaises, qui s’était traduit par un retour, en juin 2015, du Nikkei 225 au-dessus de la barre des 20.000 points pour la première fois depuis 2000. Ainsi après quatre années de surperformance continue, les indices japonais ont fini par s’essouffler et sont restés à la traîne par rapport à leurs comparables européens et américains durant le premier trimestre 2016.

Pendant ce temps-là, envers et contre tous les pronostics les plus fantaisistes, les pays émergents, et plus spécifiquement la Chine, retrouvent des couleurs. A l’image de l’évolution moins chaotique que prévu de ses indices PMI manufacturier et non manufacturier, l’Empire du Milieu est encore loin de voir son économie sombrer. D’autant moins, que la marge de manœuvre de la Banque populaire de Chine paraît presque illimitée si on la compare à celle au bord de l’épuisement de ses consœurs occidentales. A titre d’illustration, son taux de réserve obligatoire atteint encore 17% contre 1% pour la BCE alors même que, selon les équipes de Morgan Stanley, une diminution d’un pourcent correspondrait à une injection de liquidités de 200 milliards de dollars. Par ailleurs, sur l’ensemble des marchés émergents, on note également une amélioration de la dynamique bénéficiaire après plusieurs années de dégradation presque ininterrompue.

Les destins croisés de ces deux grandes nations asiatiques nous ont amené à réaliser des arbitrages en coupant significativement nos positions sur les actions japonaises et à garder un œil très attentif sur les actions asiatiques qui, en cas de mouvement de repli des cours, pourraient constituer une source d’opportunités d’investissement intéressantes.

  David Kalfon, CFA Achevé de rédiger le 25 avril 2016