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2017, l'année du "risque de consensus" ?

Publié le 05/01/2017

Les marchés d’actions ont mieux fini l’année 2016 qu’ils ne l’avaient commencée. Même si elles restent à la traîne par rapport au reste du Monde, les bourses européennes limitent la casse en affichant, à l’image de l’Euro Stoxx 50, un bilan annuel à l’équilibre malgré plusieurs périodes de fortes turbulences.  Mois de janvier historiquement chaotique marqué par un effondrement des prix des matières premières sur fond de spéculations autour d’un ralentissement brutal de la croissance chinoise entraînant dans la nasse l’ensemble de l’économie mondiale, vote surprise des britanniques pour le Brexit, craintes des investisseurs face à la montée du populisme de part et d’autre de l’Atlantique… Les zones d’ombres se sont accumulées et ont noirci les perspectives.  Le tout dans un contexte géopolitique tendu et dans un environnement économique où la politique monétaire des grandes banques centrales manque de lisibilité, notamment du côté de la Fed qui n’aura finalement relevé ses taux qu’une seule fois en 2016 et d’un quart de point seulement.

Mais voilà que, contre toutes attentes, les investisseurs ont réservé un accueil plutôt chaleureux à la victoire de Donald Trump à l’issue des élections présidentielles américaines, préférant s’accrocher à l’espoir de revoir enfin les actifs risqués revalorisés par une hausse de l’inflation sous l’impulsion du plan de relance budgétaire du nouveau président des Etats-Unis. Encore faut-il que leurs espoirs ne soient pas douchés, une fois la prise de pouvoir de ce dernier le 21 janvier. Car, après le risque politique, se profilent trois risques de consensus pour l’année 2017 :

Trop d’espoir dans la politique de Trump. De ce facteur dépendront le comportement des actions émergentes, du dollar, des taux US qui auront eux-mêmes un impact sur la courbe des taux de la zone euro et, in fine, des valeurs bancaires. Or plusieurs incertitudes subsistent. Le nouveau président des Etats-Unis va-t-il vraiment délivrer la politique de relance budgétaire tant attendu en creusant le déficit. Les entreprises profiteront-elles pleinement des mesures fiscales annoncées et prévoyant une réduction du taux d’IS de 35% à 15% ? Comment seront financées les dépenses ?  Du côté de la Fed, les nouveaux membres que Donald Trump aura choisis seront-ils, comme le pensent les marchés, plus agressifs, ou optera-t-il pour un comité de politique monétaire plus accommodant ? Une chose est sûre, la moindre déception pourrait provoquer des décalages de cours importants.

Le joker du Brexit. Même si son effet a finalement été limité sur les marchés financiers en 2016, l’annonce de la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne n’en sera pas moins au cœur des grandes préoccupations de 2017. Tels que commencent à le souligner certains observateurs, les incertitudes seront maximales à partir du début des négociations en mars, avec la notification de l’article 50 du traité européen. Les discussions s’annoncent houleuses notamment pour certains secteurs d’activité comme la finance ou le secteur aérien, qui nécessitent la reconduction de leur passeport européen pour pouvoir exercer leurs métiers en toute liberté en Europe et dans des conditions de concurrence loyale. Ces incertitudes d’ordre macroéconomique devraient être source de volatilité.

Un tableau trop noirci en Europe. Du côté de la zone euro, à mesure que les échéances électorales vont avoir lieu, à commencer par les présidentielles françaises au mois de mai, les zones d’ombres vont s’écarter, et permettre aux investisseurs de revenir s’intéresser aux critères microéconomiques. Surtout si l’on anticipe une très probable reprise de la dynamique bénéficiaire des entreprises européennes, dont les marges ont été mises à mal par la dégradation de l’environnement économique depuis 2010. D’après Morgan Stanley, après 5 années de baisse, les profits en Europe ont atteint un point bas et sont désormais inférieurs de 30% au pic d’après crise et de 44% au pic de 2007. Comme nous l’avons déjà indiqué, nous pensons que les groupes européens pourraient profiter de plusieurs facteurs comme la possible réaccélération de la croissance dans les pays émergents, la reprise des cours des matières premières, ou encore la baisse du coût de la dette. Il pourrait s’agir d’un faisceau d’éléments positifs pour les actions européennes qui ont été particulièrement boudée au cours de l’année écoulée et offrent des points d’entrée intéressants. Sur 2016, l’indice MSCI Zone Euro est en retard de plus de 7% par rapport à l’indice MSCI Monde alors que dans le même temps, l’indice MSCI Amérique du Nord et l’indice MSCI Marchés Emergents surperforment respectivement de 4.3% et de 3%. Conséquence, l’Euro Stoxx 50 affiche un niveau de PER sur 12 mois de 14x contre près de 17x pour le S&P 500, 14.6 pour le Topix et 15,7 pour le MSCI World.

Dans ce contexte, nous démarrons cette nouvelle année avec une certaine prudence, une attitude dictée par l’évolution rapide et violente des marchés actions sur les deux derniers mois de l’année. Nous avons réduit dans nos fonds patrimoniaux notre exposition aux actions américaines à la faveur des actions de la zone euro.

Chaque année boursière apporte son lot de surprises et la seule chose dont nous sommes vraiment sûrs, est que 2017 ne dérogera pas à ce principe. C’est pourquoi, sans nous enfermer dans une logique contrariante à tout crin, nous prenons soin de ne pas suivre aveuglément un consensus qui a souvent été pris en défaut…

David KALFON

Achevé de rédiger le 3 janvier 2017